110201 Journée du souvenir

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Pour une fois, les excursions du jour n'ont rien de pittoresque, ni de charmant ou d'amusant. Il s'agit plutôt de découvrir l'une des facettes les plus sombres de l'humanité, avec le charnier de Choeung Ek et l'ancien lycée de Tuol Sleng, devenu le S-21, lieu de torture mis en place par le régime des Khmers rouges.

Choeung Ek se situe à 15 kilomètres au sud de la ville. Le trajet en tuk tuk nous fait sortir de la zone urbaine et nous nous retrouvons dans un lieu plutôt paisible, en pleine campagne.

Un grand mémorial a été construit sur les lieux, rempli d'une grande quantité de crânes, de toutes sortes d'os et d'habits des prisonniers qui furent amenés ici pour y être exécutés. Tout autour, des panneaux explicatifs racontent l'aménagement du charnier et les méthodes utilisées par les Khmers rouges. Les prisonniers étaient transportés de nuit par camions entiers depuis le centre de torture de Tuol Sleng et étaient immédiatement tués puis enterrés dans des fosses communes (après avoir été désinfectés pour que les odeurs n'éveillent pas les soupçons de la population vivant dans les environs). Sur les 129 fosses, environ huitante ont été exhumées, permettant de trouver 8985 ossements appartenant à quelques 17'000 victimes présumées.

Il est difficile d'imaginer les horreurs qui se sont passées ici, tellement l'endroit est calme. Juste à côté, on peut entendre les rires d'enfants jouant devant une école. A l'époque des Khmers rouges, les jeunes enfants qui étaient amenés ici étaient exécutés non seulement car ils n'avaient pas d'utilité immédiate, mais encore parce que les tortionnaires pensaient que ces enfants devenus adultes voudraient se venger d'eux. Cela signifie qu'ils réalisaient parfaitement quels crimes ils étaient en train de perpétrer! Nous avons de la peine à comprendre comment des êtres humains peuvent en arriver là...

La visite de Tuol Sleng est encore plus éprouvante. Cet ancien lycée bien aménagé a été transformé en centre de détention et de torture par les Khmers rouges.

Ils ont recouverts les bâtiments de fils de fer barbelé afin d'éviter que les détenus ne cherchent à se suicider en se jetant des étages. Les méthodes de tortures étaient d'une barbarie inouïe. Les gens étaient apparemment souvent enfermés ici pour d'obscures raisons, fruits du délire d'un régime paranoïaque cherchant des boucs émissaires pour porter ses propres échecs. Tout cela paraît tellement dénué de sens, mais plein d'absurdité et d'une sauvagerie indigne de l'espèce humaine.

Dans les différentes salles de classes, nous pouvons voir des lits en fer sur lesquels étaient torturés les prisonniers, des centaines de photos de personnes détenues, les témoignages poignants de trois survivants ou même d'anciens Khmers rouges qui se sont retrouvés malgré eux entraînés dans cette machine infernale et qui en supportent encore les conséquences aujourd'hui.

Ces 3 années, 8 mois et 20 jours d'un régime de terreur (1975 à 1979) ont eu des conséquences terribles sur toute la société cambodgienne, puisque les membres d'une même famille se retrouvaient séparés ou étaient massacrés. La confiance entre individus a également été passablement ébranlée, et tout cela prend du temps à reconstruire.

Après ces quelques heures très émouvantes, nous passons à quelque chose de plus léger (forcément...) avec la visite d'un autre marché couvert, ses quantités d'habits, de souvenirs et d'électronique, en plus du traditionnel marché aux fruits, légumes, viandes et poissons. C'est toujours impressionnant de déambuler dans ces allées étroites, avec ces vendeurs qui nous interpellent pour nous vendre leur marchandise.

Nous faisons ensuite un petit crochet par la poste, envoi de cartes postales oblige, avant de finir au musée national pour découvrir encore d'autres splendeurs de la civilisation d'Angkor, notamment une très belle statue du fameux roi Jayavarman VII dans une gracieuse posture de méditation.

Pour finir la journée sur une note positive, nous retournons au Romdeng savourer quelques délicieux mets cambodgiens (mais toujours pas les araignées frites!)